Suis-je le seul à entendre ces cris déchirants nés de nos consciences brisées ?
Suis-je le seul à reconnaitre ces voix sans réponse qui appellent désespérément un monde épuisé par tant de désolations ?
Suis-je le seul à deviner ces silhouettes fantomatiques, leurs bouches béantes hurlant dans un vide infini ?
Suis-je le seul encore éveillé pour comprendre que des milliers de sanglots étouffés s’enfoncent dans l’indifférence ?
Pourtant, dans la blancheur de la toile, je vois émerger du silence, des yeux rêvant d’un ailleurs incertain et fragile.
Pourtant, de leurs regards, je lis encore une faible lueur, rescapée de nos dernières étincelles d’humanité.
Pourtant, face à ces clameurs, je distingue un léger bruit de fond d’un monde qui refuse de s’éteindre par tant de désintérêts.
Pourtant, il suffirait d’un seul regard, d’une seule écoute, d’un seul geste de bienveillance pour que leurs appels ne se fondent pas dans l’éternité du silence.
Alors, dois-je encore tenter de réveiller les esprits endormis ? Ces cris silencieux, clamant la volonté de reprendre notre destinée, méritent-ils encore d’être entendus ?
Alors, dans ce vide qui les entoure, je les ai laissés là, mes fantômes, presque effacés comme des vestiges enterrés. Et pourtant je sens une attente, un espoir, une dernière trace de conscience.
Si seulement nous osions regarder, vraiment regarder, là où les cris silencieux persistent.
Si seulement nous écoutions les ultimes avertissements, avant qu’ils ne disparaissent dans la nuit de l’oubli.